Deux petites réunions et puis s’en va. La négociation d’un nouvel accord d’entreprise portant sur « l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes » aura été brève mais riche d’enseignements. Quant il s’agit de donner aux femmes leur place légitime dans l’entreprise, la NRCO s’en tient au registre de la bonne du curé d’Annie Cordy : « J’voudrais bien, mais j’peux point… »
Les chiffres parlent d’eux mêmes. Dans la catégorie des journalistes, la NR est largement en dessous de la moyenne de la presse quotidienne régionale, avec 28% de femmes dans l’effectif (contre 37%). Elle en recrute peu (deux sur six en 2014), et elle les forme encore moins (18% des heures de formation ont concerné des consœurs en 2014). Seul léger satisfecit, la différence des salaires : -5,1% chez nous, quand elle atteint -12,2% dans la profession.
Et on n’est pas près de faire mieux dans les années qui viennent, si on lit le document qui était proposé à la négociation. Quasiment pas d’engagement ferme, mais des phrases creuses : « la NR veillera… tendra vers… tentera de privilégier… s’engage à sensibiliser les acteurs du recrutement… » Dans un effort surhumain, l’entreprise se fixe l’objectif d’atteindre 31% de femmes dans la catégorie journalistes d’ici trois ans (contre 28%, on l’a signalé plus haut). Et se rassure en rappelant qu’elle respecte la loi (offres de recrutement non sexuées, congés parentaux, etc.). Encore heureux.
Pour sa part, le SNJ ne signera pas cet accord, parce qu’il n’est pas assez volontariste. Si on veut promouvoir l’emploi féminin, il faut s’en donner les moyens (*). Même si nous avons apporté notre contribution au débat (**), participé à l’ensemble de la négociation, voire à la rédaction d’un ou deux passages de cet accord, nous ne pouvons y apporter un quelconque soutien.
(*) En octobre dernier, notre syndicat, majoritaire dans la profession, a voté la résolution finale du congrès d’octobre 2015 dans ses instances nationales (pour une application l’an prochain). Une position de principe qui ne nous permet pas, ici, de signer un accord qui est loin d’afficher la même ambition.
(**) Au cours de la négociation, le SNJ a proposé que soit revu le régime des RTT pour les salariés à temps partiel, qui en sont privés jusqu’ici, alors qu’elles devraient être proratisées en fonction du temps de travail, selon nous. D’autant que les femmes sont les plus nombreuses à travailler à temps partiel. La direction n’a pas voulu entrer dans ce débat qui ne figure pas dans le cadre de l’accord sur l’égalité professionnelle. On en reparlera ailleurs, donc…