Campagne présidentielle : halte au feu M. Fillon !

Ces derniers jours, François Fillon et les principaux responsables de sa campagne s’en sont pris à plusieurs reprises à la presse, rendue responsable de ses difficultés actuelles, à la suite des révélations publiées notamment par le Canard Enchaîné et France 2. Des journalistes qui ont simplement fait leur travail d’enquêteurs au service des citoyens.

Il n’est pas inhabituel pour un dirigeant politique en difficulté de mettre en cause les médias. La vieille recette politicienne consistant à s’attaquer au messager pour détourner l’attention a toujours eu ses adeptes.

En revanche, désigner en meeting à la vindicte des militants les journalistes présents dans la salle pour couvrir l’événement est une tout autre affaire. La récente campagne électorale aux États-Unis au cours de laquelle Donald Trump s’est ainsi comporté a démontré que les violences verbales du candidat et de son entourage pouvaient se traduire par des violences physiques de militants et sympathisants à l’encontre de journalistes.

> VIDEO : Au Futuroscope, jeudi 9 février, Jean-Pierre Raffarin a fait siffler les journalistes.

Les campagnes électorales de 2007 et 2012 en France avaient également donné lieu à des dérapages.

Le Syndicat National des Journalistes, première organisation de la profession, appelle François Fillon et ses soutiens à se ressaisir et à faire cesser ce « spectacle » indigne d’une démocratie, avant que ne survienne un grave incident dont ils porteraient alors l’entière responsabilité.

Leur responsabilité ne serait pas moins grande que celle des incendiaires des cars régies de RTL et Europe 1, le 11 février à Bobigny

CHATEAUROUX – La NR condamnée en appel : pas de double peine pour la rédaction

L’arrêt a été rendu public mardi 7 février. Pas un article (naturellement) dans nos colonnes. La cour d’appel d’Orléans a confirmé la condamnation de la Nouvelle République dans le conflit qui l’opposait à Catherine Guillet, notre ancienne consœur, pour des faits de harcèlement moral et d’environnement de harcèlement sexuel. Des faits qui se sont déroulés entre 2012 et 2013 à la rédaction de Châteauroux.

On ne va pas commenter ici une décision de justice qui vient confirmer le jugement des prud’hommes, lequel avait pointé les manquements de la direction dans ce dossier. On se contentera de rappeler qu’après avoir été condamnée par la Cour de cassation à payer 100.000€ pour le licenciement hasardeux d’un directeur départemental, l’entreprise doit supporter une nouvelle condamnation à 80.000€ dans cette affaire-ci.

Ce nouveau jugement affecte évidemment l’équipe rédactionnelle de Châteauroux, qui porte encore ce fardeau, même si le contexte a changé. Un fardeau nullement allégé par une direction qui est restée muette depuis le jugement. Ni appel ni mail de soutien n’ont été reçus par les premiers concernés. Pourtant, ce jugement et les différentes études sur la qualité de vie au travail dans l’entreprise ces derniers mois, devraient interpeller la direction sur son déficit de communication avec les salariés.

Le Syndicat national des journalistes, première organisation de la profession, rappelle que la lutte contre la souffrance au travail doit être un chantier prioritaire à la NR. Et cela nécessitera des efforts plus importants que l’aménagement d’espaces détente, la mise en place de permanences de psychiatre ou des séances d’information à la sophrologie. Ces initiatives, si elles sont louables, ne remplaceront pas l’essentiel. A savoir, selon nous : une meilleure reconnaissance du travail effectué, des perspectives de développement rédactionnel autant sur le print que sur le web et des effectifs suffisamment nombreux pour travailler dans de bonnes conditions.

Déclinons l’invitation au déclin

« Je suis un pessimiste actif », se plaît à dire Olivier Saint-Cricq, quand on débat avec lui de l’avenir du journal dans les instances paritaires. Pessimiste, il l’était assurément, lors du dernier conseil de surveillance, quand il a une nouvelle fois expliqué que la seule bouée de sauvetage de l’entreprise consistera à ne pas remplacer les prochains départs en retraite et à limiter les remplacements des salariés en arrêt maladie.

Proposer moins pour espérer gagner plus

Pour la rédaction, ce pessimisme se chiffre à 4 CDI et 5,7 CDD pour cette année. Dix postes en moins pour se confronter à cette prévision ambivalente du « pessimiste actif » : à la fois « changer le contenu du journal (ndlr : pour faire passer la pilule d’une augmentation du prix du journal) » et baisser la pagination, notamment celle du cahier des sports. Proposer moins pour espérer gagner plus. La formule marche sur la tête, non ?

La section du SNJ n’est pas décidée à accepter sans broncher cette nouvelle invitation au déclin. Le premier syndicat des journalistes ne dévie pas de sa ligne : c’est avant tout la qualité du contenu du journal qui pourra séduire les lecteurs. La rupture de stock du Canard Enchaîné, la semaine dernière, nous conforte dans cette vision de notre métier.

Alors, plutôt qu’une énième ponction dans la masse salariale du journal, la section du SNJ attend du directoire, (qui a été renforcé, lui) qu’il offre à la rédaction de nouvelles perspectives éditoriales. Le lancement de Cluster One ne peut s’exonérer d’initiatives rédactionnelles ambitieuses sur le print. Il ne peut pas, non plus, se faire avec des journalistes en moins.

Bref, le SNJ, et pas seulement lui, attend un élan plutôt qu’un recul, des idées neuves plutôt que des vieilles recettes, un meneur plutôt qu’un suiveur.