Suppression de deux postes de journalistes : une atteinte à la qualité

Deux prochains départs à la retraite de journalistes ne seront pas remplacés, dans l’Indre et dans les Deux-Sèvres, a annoncé la direction, en réunion mensuelle des délégués du personnel début novembre. Encore une fois, c’est au prétexte d’économies que ces choix sont opérés. Ceux qu’on ne va pas économiser, c’est certain, ce sont les journalistes de ces rédactions qui devront travailler plus pour compenser. On ne nous fera pas croire que des correspondants non professionnels, ou des pigistes occasionnels, pourront pallier cette inévitable augmentation de la charge de travail.

En outre, supprimer des postes après avoir dépensé plusieurs milliers d’euros dans une étude sur la qualité de vie au travail, qui a démontré que c’est dans la catégorie des journalistes que la souffrance au boulot, due à la charge de travail, est la plus prégnante, nous semble un choix antinomique, voire contre-productif.

Selon le SNJ, diminuer les effectifs dans les rédactions, revient à diminuer de facto la qualité du contenu rédactionnel. Et, donc, à diminuer nos chances d’enrayer la fuite du lectorat du journal papier. 6.000 exemplaires de moins en un an, et personne pour nous proposer les moyens d’améliorer le contenu. Le seul credo directorial : la plate-forme digitale ! Il nous semble que ce n’est pas tant le support qui compte, mais la qualité de l’information qu’il présente. Et sur ce terrain-là, on attend de réelles propositions.

Hélas, il faut bien constater, au contraire, que l’information que nous publions chaque jour se paupérise. Ce sont moins l’intérêt du lecteur et la hiérarchie de l’info qui président. Mais trop souvent la possibilité de couvrir tel ou tel sujet en fonction des effectifs. Alors on va au plus facile : le fait divers sans mise en perspective, la politique pour caresser dans le sens du poil des collectivités à qui on proposera ensuite des partenariats, l’économie (sans le social) pour plaire à un patronat de qui on espère tirer des subsides. Et on vous épargne les fêtes à Neu-neu, annoncées pleine page pourvu qu’elles accouchent d’une vente en masse.

Où est l’enquête, où est le reportage, où est l’immersion sur le terrain, où sont les pages thématiques, où est la distance journalistique ? Trop peu présents dans nos colonnes. Pour se rassurer, on se dit qu’on les a retrouvés, le temps d’un week-end funeste, après les attentats de Paris et de Saint-Denis. A circonstances exceptionnelles, la rédaction a répondu de la meilleure manière. Parce que c’est le cœur de son métier. Et les lecteurs ont récompensé cet effort.

Cet épisode tendrait à prouver que notre lectorat ne nous abandonne pas par hasard. Qu’il ne nous tourne pas le dos au quotidien en raison de la seule crise économique, ou de la concurrence supposée des canaux numériques. Mais plutôt parce nous ne sommes pas suffisamment au rendez-vous de l’information qu’il attend de nous : diverse, indépendante et pertinente.

La section du Syndicat national des journalistes du groupe NRCO demande donc à la direction de renoncer à ne pas remplacer les prochains départs à la retraite de journalistes. Mais, au contraire, de recentrer son action sur l’amélioration de la qualité de l’information que nous diffusons au quotidien, sur tous les supports. Si c’est son intention, elle aura alors notre concours.